Fabrice_K* a écrit :Bonjour,
Je suis allé hier à Paris photo....
Des centaines d'exposants, de galliéristes, des milliers de photos de tous genres de tous prix jusqu'au million d'euros ! Pleins de gens botoxés, des clients ISFés, des galliéristes cherchant le client, pas le passionné ! Bref un après midi surréaliste !
Surréaliste, tu l'es sans aucun doute aussi, non? Des
galliéristes — qui seraient également pour toi des
galliériens — attendant le chaland... Tu crois pas qu'ils attendaient plutôt que tu ailles acheter un dictionnaire — de français tant qu'à faire?
Parce que vois-tu, j'y suis allé quatre jours de suite — P...! On aurait pu s'y croiser !

— et ce n'est pas du tout l'impression que cela m'a fait. Bien sûr qu'il y a des zazous (j'ai croisé ces quatre jours durant une mystérieuse veuve andalouse aux lunettes noires montée sur plate-formes), de grandes bourgeoises cosmopolites et des gonzes en beau costume harnachés de Leica numériques qui n'ont jamais connu l'odeur de la rue, des vieux beaux avec des poules du tiers de leur âge, des petites belettes en fourrure de brocante et des rockers mais c'est ça qui est marrant dans la belle lumière de la verrière, non?
Quant aux galeristes (vérifie, c'est dans le Petit-Robert), ceux que j'ai rencontrés, ils sont très loin de se plaindre, surtout les Français. Les Américains sont peu loquaces, leur statut et la frontière de la langue le leur permet. Et tous les éditeurs et libraires que je connais très bien ( ce sont les éditions EXB qui m'ont offert ma carte vip) sont particulièrement satisfaits de la fréquentation cette année.
Mais as-tu au moins vu les superbes photos de Detlef Orlopp — sûrement le plus important photographe allemand vivant — chez Parrotta (Frankfurt/M.) ou la série complète des 38 tirages de Jungjin Lee de la série Unnamed Road à l'étage, à côté des grands panoramiques verticaux de Nadav Kander? Ou même tellement ils étaient judicieusement placés les grands sténopés sur papier couleur Ilfochrome de John Chiara, toi qui apprécie la pratique du sténopé justement?
Mais peut-être as-tu découvert comme moi le travail de ce vieil Irlandais qu'est Tom Wood, un bonhomme super sympa qui te faisait respirer l'Angleterre des années 70 et 80 — ça sentait presque les chips au vinaigre et à la crème sure) dans ses vivaces portraits de rue?
Bien sûr qu'il y avait des trucs pas beaux mais tellement de choses merveilleuses. Il fallait voir les pièces les plus chères, tellement inaccessibles à l'instar des portraits de JP Morgan par E. Steichen, le célébrissime(1903) profil ovale de Madame Herbert Duckworth par Juliet Margaret Cameron (1867) et un incroyable nu masculin à la bouche découpée et aux yeux crevés par Eugène Atget chez Hans Kraus et tant de superbes tirages d'Irving Penn, de Diane Arbus, de Emmet Gowin et tellement d'autres, comme la visite offerte d'un musée de la photographie dans lequel peu de choses primordiales auraient manqué. Mais il s'y pouvait voir des photographes contemporains passionnants parfaitement abordables à moins de mille euros comme le paysagiste français François Deladerrière chez Le Réverbère à Lyon. C'est le premier exemple qui me vient à l'esprit. Tiens si! Le couple barcelonais Albarrán Cabrera chez Esther Woerdehoff aux petits tirages sur papier de mûrier aux couleurs sublimement délicates, une merveilleuse découverte!
Je crois que tu es vraiment passé à côté, tant pis.

Tarde venientibus ossa.